Le 18 mars 2019, en ouverture des Poitiers Esports Meetings, événement professionnel organisé en amont de la vingtième édition de la Gamers Assembly, s’est tenu le troisième atelier des Assises de l’esport. Le CREPS de Poitiers, lieu de formation à la performance et l’excellence sportive, a ainsi logiquement accueilli l’atelier thématique dédié aux joueurs et joueuses de haut-niveau. Les deux tables rondes de la demi-journée ont porté dans un premier temps sur la formation des joueurs, puis dans un second temps sur le statut du joueur professionnel. Les assises de l’Esport sont organisées conjointement par la Direction Générale des Entreprises, la Direction des Sports, en partenariat avec France Esports.
Formation des joueurs de haut niveau, animé par Laurence Blondel (INSEP)
La première table ronde de la matinée réunit Patrice Behague, Directeur du CREPS Poitiers & ancien international de judo, Patrice Aymonin, enseignant chargé de l’accompagnement des élèves en parcours esport au Lycée Louis Armand de Mulhouse, Floriane Zini, cheffe de projet incubateur I-Wig, et Clément Laparra, head of scouting chez Team Vitality.
Après un rappel de Laurence Blondel concernant la formation des sportifs de haut niveau, la question sur les points communs et les différences entre sportifs et esportifs de haut niveau est posée. Patrice Behague met en avant la nécessité pour l’esportif comme le sportif de se préparer aussi bien physiquement que mentalement pour la compétition. Il souligne également que le sport a mis beaucoup de temps à se structurer là où l’esport doit se structurer plus rapidement avec des variables qui peuvent changer du jour au lendemain, l’activité dépendant de la durée de vie d’un bien de consommation : le jeu vidéo. Aussi, comme pour la musique, l’éducation nationale doit être investie dans le projet. Patrice Aymonin partage son expérience concernant le lancement d’une option esport au sein de son lycée. L’objectif étant de proposer un parcours scolaire ayant en parallèle des module éducatifs axés sur l’esport : de l’enseignement informatique, de l’enseignement de la culture du secteur et enfin de l’entrainement en club esportif.
Le fait de pratiquer cette activité avec un encadrement compétent professionnel rassure les parents et permet de prévenir le potentiel décrochage scolaire qui inquiète certains clubs esportifs, comme le souligne Clément Laparra. Dans la même veine, l’association Women in Games a lancé cette année l’incubateur I-WIG à destination de joueuses souhaitant développer leurs compétences pour ensuite intégrer des équipes de haut-niveau ou professionnelles. La problématique pour le secteur esportif réside aujourd’hui dans la formation inexistante des formateurs dont la mise en place pourrait garantir des enseignements de qualité et faciliter l’insertion professionnelle des joueurs.
Les statuts des joueurs professionnels, animé par Gaylor Rabu
Lors de la seconde table ronde, ce sont trois joueurs de haut-niveau qui sont venus partager leur expérience : Brian Savary, joueur professionnel sur FIFA, Olivier « Luffy » Hay, joueur professionnel de jeux de combat (ou Versus Fighting), et Clément « Clem » Desplanches, joueur professionnel sur Starcraft 2.
Gaylor Rabu, maître de conférences en droit du sport et du travail, propose aux trois jeunes hommes de présenter leur quotidien, leurs difficultés et les spécificités de leurs situations respectives. Brian Savary est majeur, rattaché en CDD à la structure Vitality. Il travaille principalement le week-end et a arrêté ses études en école d’infirmier pour se consacrer à l’esport. Il a peu d’obligations envers son employeur et travaille de chez lui, à l’inverse de ses collègues joueurs professionnels sur le jeu en équipe League of Legends qui ont un lieu dédié à l’entraînement à Berlin. Il touche une rémunération fixe et les gains financiers (ou cashprizes) des compétitions qu’il gagne. Clément « Clem » Desplanches a lui 17 ans, il continue d’aller au lycée, joue le soir et participe à des compétitions le week-end. Il est rattaché à une équipe américaine que lui paye ses déplacements. Il a une rémunération fixe et touche les cashprizes directement. Son contrat stipule qu’il doit participer à quatre événements majeurs identifiés du circuit compétitif.
Enfin, Olivier « Luffy » Hay est majeur et travailleur indépendant. Il cumule ainsi plusieurs contrats de sponsoring (ou contrats d’image) avec différentes marques qu’il doit afficher lors de ses compétitions. Il touche ainsi une rémunération fixe, une prime en fonction de ses résultats et les cashprizes dans leur intégralité. Les trois joueurs témoignent d’une difficulté à concilier vie professionnelle et vie personnelle mais aussi expliquent que, pour les plus âgés, le secteur est né et a grandi en même temps qu’eux. Il y a encore beaucoup de chose à améliorer et France Esports peut se montrer idéal pour trouver un fonctionnement entre club et joueur avec les deux collèges représentant respectivement ces acteurs.