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L’Esports Europe Federation (EEF) vient de voir le jour le 21 février 2020 et a pour vocation de réunir les organisations esportives fédératrices des pays européens (Associations ou Fédérations Nationales) pour former une entité qui défend leurs intérêts communs.
Bien qu’impliquée depuis les prémices du projet, France Esports a fait le choix de ne pas candidater à Esports Europe. Ce choix, difficile à prendre, a été motivé par un manque de clarté sur les objectifs de l’organe européen. Notre conviction est depuis le début de construire communément, avec toutes les parties prenantes de l’esport, une entité qui soit représentative de l’écosystème européen.
La genèse d’une vision internationale
Dès 2018, France Esports a affiché sa volonté de bâtir une vision mondiale en réunissant ses homologues afin d’identifier les problématiques communes. Nous avons créé un département interne dédié aux relations internationales. Son objectif est d’établir une cartographie des Associations Nationales travaillant sur des enjeux similaires aux nôtres et de débuter un travail de rapprochement avec nos pairs. Nous avons, entre acteurs nationaux européens, souhaités développer une vision forte de l’Europe afin de parler de manière unifiée.
Ce fut l’origine du sommet international du Dojo Esport qui s’est déroulé à Paris en janvier 2019. Cette première initiative menée par France Esports a rassemblé 8 pays afin de partager les regards de chacun sur leur développement national. Cette opportunité nous a permis d’identifier de nombreuses disparités entre les pays, tant au niveau structurel qu’au niveau du périmètre d’actions des organisations nationales.
Dans la continuité du Dojo Esport, l’Allemagne a organisé une nouvelle rencontre en avril 2019 réunissant 12 pays pour échanger sur une volonté commune d’unifier les associations européennes et à l’issue de laquelle a été signée la déclaration de Berlin. L’intérêt croissant parmi les pays était perceptible, mais la principale problématique résidait dans la capacité à avancer de manière concrète sur la définition des défis communs.
À la suite de cet événement, 17 pays se sont retrouvés à Lausanne à l’initiative de la Suisse afin de poursuivre les échanges autour d’éléments essentiels à la création d’un organe européen (gouvernance, statuts, objectifs, relations avec les différents acteurs internationaux de l’industrie et les détenteurs de droits, etc.). Cinq pays ont été mandatés (Allemagne, Belgique, France, Israël et Russie) pour former l’Establishment Committee (EC) afin de produire les documents officiels qui permettront la création de cette entité.
De juin 2019 à janvier 2020, le département international de France Esports s’est impliqué avec rigueur et application au sein de l’Establishment Committee (EC) en participant à la création des statuts ainsi que des critères d’adhésion des pays postulants au titre de membre fondateur. L’objectif était de disposer d’un socle solide et crédible de fondateurs, références de l’écosystème.
France Esports a ainsi participé à la création de critères d’adhésion précis et détaillés évaluant l’ensemble des organes nationaux candidats sur les enjeux actuels de leur écosystème : représentativité d’un maximum d’acteurs, légitimité face aux pouvoirs publics, projets mis en place dans leurs pays respectifs, enjeux de diversité, processus démocratique de sélection pour ses membres dirigeants, etc.
C’est en fin d’année 2019 que l’ensemble du Conseil d’Administration de France Esports a fait le choix de ne pas candidater à l’organe européen malgré notre implication et notre position centrale dans celui-ci. Cette décision, longuement discutée, a notamment été motivée par le souhait de l’association d’attendre que les objectifs et le périmètre d’actions de Esports Europe soient explicitement clarifiés.
Une prise de distance temporaire
À l’issue de ce travail, France Esports est arrivée à la conclusion que le projet finalisé manquait de clarté et qu’en l’état actuel, il ne correspondait pas exactement à nos attentes. Le Conseil d’Administration préfère ainsi prendre le temps d’observer les premiers mois d’existence d’Esports Europe et donner du temps à l’entité de définir avec précision son champ d’actions.
Toutefois, France Esports reste persuadée de la nécessité de travailler de manière harmonieuse au niveau européen. Notre position n’est pas irrévocable et notre association continue de maintenir des échanges réguliers avec l’Esports Europe Federation et ses membres élus. Nous sommes profondément résolus à participer à une approche européenne des sujets que nous adressons au quotidien au niveau national.
Nous tenons à féliciter l’ensemble du Board et de l’Advisory Committee pour leur élection ainsi que le département international de France Esports pour son implication rigoureuse sur ce sujet.